L’écume des jours – Michel Gondry

Date de sortie: 24 avril 2013 (2h 5min)
Réalisé par: Michel Gondry
Avec: Romain Duris, Audrey Tautou, Charlotte Le Bon, Gad Elmaleh, Omar Sy…

Dieu sait que je suis un fan de Michel Gondry (dieu et moi, nous sommes très proches). Je porte Eternal sunshine dans mon coeur, j’ai aimé ses autres films, j’adore chacun de ses clips, et j’attendais comme un malade cette écume des jours. De Boris Vian, je n’ai lu que « j’irais cracher sur vos tombes » (un coup de poing) et « l’arrache-coeur » (sublime). J’avais vaguement tenté de lire « l’écume des jours », mais c’était l’été, je n’étais pas en condition et le style ne me parla pas sur le moment. J’ai donc lâché au bout de 3 pages.

Le film démarre, et je retrouve assez rapidement le côté incongru de Gondry, peut être même un peu trop… J’apprécie beaucoup « la science des rêves » mais je reconnais aussi que son aspect carton est assez étrange. L’écume des jours va beaucoup plus loin dans le genre « effets spéciaux cheap » et le ridicule côtoie constamment la trouvaille visuelle ingénieuse. Je commence ainsi à me faire ballotter entre le plaisir et l’ennui. Le film avance, l’intrigue s’installe et je commence à trouver que les scènes ridicules se succèdent avec un peu trop de fréquence. La danse de salon, la souris, le nuage, je ne vais pas en supporter beaucoup plus…

Ensuite le film bascule dans la noirceur et se permet quelques moments de grâce, mais il est déjà trop tard, j’ai l’impression d’être loin, très loin, abandonné sur le bas-côté par une forme qui ne me parle pas.

Selon moi, une adaptation doit avoir sa vie, indépendamment de l’oeuvre dont elle découle. « L’écume des jours » souffre, je pense, de sa trop grande volonté de fidélité. N’ayant pas lu le livre, j’ai eu l’impression de ne pas tout saisir. Oui, l’histoire principale est évidente, mais ce qui fait le sel de l’écume, ce sont les à côtés, l’univers, les personnages, et bien de ces éléments m’ont échappé.

L’aspect général du film m’a profondément rebuté: les acteurs donnent l’impression d’improviser leurs scènes, tout se déroule à une vitesse ahurissante, c’est absolument délirant, et même si ça reste très linéaire dans le déroulement, l’ensemble donne l’impression d’un immense foutoir. C’est, je pense, cette forme absolument non-conventionnelle qui déroute.

C’est d’autant plus dommage que le fond est extraordinairement riche: la critique de l’église est acerbe, le personnage de Jean Sol Partre est à mourir de rire, l’histoire d’amour est tragique et merveilleuse. Certaines idées sont exécutées avec brio (la fuite de la couleur à mesure que le récit avance, la maison qui se décrépit, le personnage incarné par Gondry) mais tout cela ne suffit pas pour relever le niveau général du film qui est bien trop abscons pour susciter l’émotion que l’histoire mérite.

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